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Babouche Marocaine : Récits Populaires

Histoires de Babouches

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1- L'Histoire de Deux Babouches

Il était une fois deux petites babouches, des babouches destinées à deux charmants petits pieds… Des babouches de Tafraoute, la capitale des babouches.

Tafraoute, une ville du sud du Maroc, nichée dans les montagnes, parmi les rochers roses baignés par le soleil couchant. Tafraoute, au milieu des amandiers…

C’est là qu’habitait Ahmed…

Ahmed avait toujours vécu à Tafraoute, tout comme son père, son grand-père avant lui, et peut-être même son arrière-grand-père, et son arrière-arrière-grand-père aussi…

Son père fabriquait des babouches, son grand-père fabriquait des babouches, son arrière-grand-père fabriquait des babouches, et même son arrière-arrière-grand-père…

On pouvait être sûr que son fils Mohamed fabriquerait lui aussi des babouches, les plus belles du Maroc…

Grâce à la vente de ces babouches, des plus belles du Maroc, jamais leur estomac ne serait “Tafraoute”, c’est-à-dire, jamais ils ne connaîtraient la faim…

Ahmed avait donc fabriqué deux jolies babouches, des babouches noires ornées de galons dorés ! Il avait travaillé, travaillé, et Mohamed, son fils, était venu l’aider. Il avait fixé les galons dorés qui ornaient les deux petites chaussures…

Maintenant, il allait les poser sur l’étagère, parmi les autres babouches…

Ce qu’Amed ne savait pas, c’est que ces deux-là n’étaient pas des babouches ordinaires ! D’abord, elles parlaient ! Oui, oui, elles parlaient ! Il y avait la babouche droite et la babouche gauche…

“Regarde”, dit la babouche droite, “je penche vers toi !”

“Regarde”, dit la babouche gauche, “je penche aussi vers toi !”

“Promets-moi”, dit la babouche droite, “de ne jamais me quitter.”

“Comment pourrais-je te quitter ?” répondit la babouche gauche. “As-tu déjà vu quelqu’un acheter une seule babouche ?”

“Bien sûr, mais promets-moi de toujours me suivre !”

“Toujours te suivre ? Je ne peux pas ! Une fois tu seras devant, l’autre fois pas, tu seras derrière !”

“J’aurais bien aimé être toujours devant !”, s’exclama la babouche droite.

“Bof ! Derrière, devant, quelle importance !”, dit la babouche gauche.

“Essayons ! Veux-tu ? Devant, tu suis, devant, tu suis !”

“Ce n’est pas très pratique pour marcher sur les chemins caillouteux !”, remarqua la babouche gauche.

“Avancer sur les chemins ?”, s’exclama la babouche droite, “mais nous ne sommes pas des babouches ordinaires ! Je n’irai pas sur les chemins ! Les cailloux feraient mal à mes semelles ! Nous aurions des trous à cause des rochers pointus !”

“Ah, bon”, dit la babouche gauche, qui était toujours d’accord. “Et qu’allons-nous faire ?”

La petite babouche se mit à rêver…

“J’aimerais, j’aimerais… chausser des pieds de danseuse, des pieds agiles, qui danseraient, tourneraient, dans un jardin plein de fleurs !”

“Je sens déjà les fleurs d’oranger, les hibiscus”, ajouta-t-elle. “Il fait frais sous les feuillages ! Au-dessus de nous, les étoiles, le beau ciel étoilé du désert !”

“Du désert ?”, s’étonna la babouche gauche. “Mais il fera chaud, le sable va pénétrer partout !”

“Réfléchis un peu”, dit la babouche droite. “Nous sommes dans le désert, dans une oasis, c’est la fête, tiens un mariage ! Nous sommes les babouches de la mariée, vois comme elle est belle !”

Quelle belle vie de babouche !

“Réveille-toi”, dit la babouche gauche en entendant du bruit, “voilà du monde, écoutons !”

“Je voudrais des babouches pour le mariage de ma fille”, dit un monsieur.

“Poussez-vous, les babouches, ces clients sont pour nous !”, se dirent les deux babouches.

On vit les babouches se tortiller, se placer en avant, se tourner pour se faire admirer, tant et si bien qu’on ne vit plus qu’elles !

“Celles-là, s’il vous plaît !”

Ahmed prit les babouches, les enveloppa dans un joli papier, fit un beau paquet et le remit à la jeune fille.

Elle le remercia d’un beau sourire et les serra contre son cœur.

Les petites babouches entendirent “toc-toc” et déjà dans la boîte, un pas à droite, un pas à gauche… Elles se mirent à danser !!

Qu’elle était belle Naïma ! Jamais mariée n’avait été plus belle !

Dès qu’elle chaussa ses babouches, elle se sentit légère, légère, comme un oiseau ! Elle se mit à danser, voler, tourner !!

Ce n’étaient pas des babouches ordinaires ! C’étaient des babouches de Tafraoute, la capitale des babouches !

Quand la fête fut terminée, Naïma rangea les babouches, mais quand elle se sentit un peu triste, quand les rochers de Tafraoute devinrent tout roses, le soir…

Naïma chausse ses babouches, elle se met à danser, à tourner, à voler…

Car ce ne sont pas des babouches ordinaires, ce sont des babouches de Tafraoute… La capitale des babouches !!!

2- La Babouche Marocaine

Les babouches marocaines, symboles de tradition et encore aujourd’hui portées lors des jours de fête, sont pour les hommes, fabriquées dans des couleurs unies. Les plus courantes sont le jaune vif, et les plus recherchées sont les babouches blanches. Cependant, pour répondre à un besoin de modernisation, des couleurs nouvelles (rouge, marron ou encore gris perle) sont apparues, tout en gardant à la babouche son cachet artisanal.

Les mauvaises langues prétendent que les habitants de Fès ont pour coutume d’acheter toujours une pointure en dessous de leur taille réelle, si bien qu’ils marchent sur leur propre talon, n’ayant qu’une partie du pied engagée dans la chaussure. Cette anecdote souligne le fait que dans cette cité impériale, la chaussure est faite pour la parure plus que pour le confort.

Pour les femmes en particulier, la chaussure est un véritable ornement. Les babouches féminines multicolores sont toujours plus élaborées, pour ne pas dire plus élégantes, que les babouches masculines. Elles ont une semelle moins épaisse que celles des hommes et sont cousues de fils de soie brillants, souvent dorés ou argentés. Le cuir s’y mêle parfois au velours, dans les couleurs les plus vives : bleu, vert, grenat… et elles sont fréquemment assorties aux longs caftans qui arrivent aux chevilles.

La babouche marocaine se dit « Balgha » pour homme et « Charbil » pour femme. Comme le pouf, elle diffère d’une région à une autre par sa texture, sa forme et les matériaux utilisés ; ainsi, les babouches des citadins sont à bout pointu, alors que celles des paysans ont plutôt une extrémité ronde ou carrée. Légère et pratique, elle reste la chaussure la plus portée à l’intérieur, en guise de pantoufle.

slippers marocains plusieurs couleurs

3- Poésie des Babouches

Il était une fois un petit Pied Noir,

Qui logeait dans une babouche.

Tous deux faisaient plaisir à voir,

Marchant du matin jusqu’au soir,

La babouche autour du Pied Noir,

Et le Pied Noir dans la babouche.

Un jour, la babouche dit : “Pourquoi

Traîner ce Pied Noir avec moi ?

Marcher ensemble, quel calvaire !

Il est lourd… moi je suis légère.

S’il voulait libérer les lieux,

Seule je marcherais mieux.”

Dès lors, la babouche travailla

Pour blesser le Pied, le tenailla,

Le comprima, fit tant d’efforts

Que le Pied Noir, ayant un cor

Et prenant brusquement la mouche,

Se retira de la babouche.

Le Pied Noir, lui, s’est replié

Bien sûr, dans ses petits souliers,

Mais il a poursuivi sa route,

Et la plus étonnée sans doute

Fut la babouche, qui n’a pas compris, mais vu,

Que sans Pied Noir, elle ne marche plus.

4- Babouches d'Abou Kassem : Un conte des Mille et Une Nuits raconté par Nora Aceval

Il y avait en Orient un marchand célèbre pour son avarice : Abou Kassem. Bien que richissime, il portait les mêmes babouches depuis que ses pieds avaient fini de grandir. Puantes et rapiécées de toutes parts, elles étaient immondes.

Un jour, Abou Kassem se rend au hammam. Il dépose ses babouches à l’entrée mais lorsque le Sultan entre à son tour, la gardienne du hammam préfère cacher les babouches immondes.

En sortant, Abou Kassem trouve de magnifiques babouches. Pensant qu’un bon génie est passé par là, il les chausse et s’en va. Pour tout le monde, l’affaire est claire : l’avare a volé le Sultan. Abou Kassem est jeté en prison. Il est obligé de payer très cher pour sortir. Furieux contre ses babouches, il les jette dans le fleuve. Quand un pêcheur les retrouve, il va se plaindre au Sultan car les babouches ont déchiré son filet.

Abou Kassem, de nouveau en prison, doit payer pour sortir. Quand il cherche alors à les enterrer, on le soupçonne d’avoir trouvé un trésor, et le Sultan le convoque encore une fois… Malédiction ? Malchance ? Ou juste prix de l’avarice ? A chacun d’interpréter ce petit conte facétieux.

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